«De l’autre côté» c’est ainsi que Mémé Rapet, ma grand-mère, avait surnommé la cave dans laquelle mes parents faisaient le vin, une petite récolte qui représentait la consommation personnelle de l’année.
Dans cette cave il y avait un fouloir, où l’on mettait les grappes de raisins, qui une fois écrasées, tombaient dans une cuve située dans la pièce de dessous. Dans cette cave « De l’autre côté » il y avait une grande cheminée dans laquelle, une fois le travail accompli, nous y faisions griller des châtaignes et dégustions ce vin nouveau (une bonne piquette). Alors pendant ces veillées les Anciens nous contaient des histoires du temps jadis et parmi ces histoires il y avait celle du «trésor caché».
C’était dans les années 1958-1960, Pépé Rapet, mon grand-père nous raconta qu’un trésor était caché dans cette pièce.
Lorsqu’il avait percé le plancher pour positionner le fouloir il avait trouvé un parchemin.
Une peau très fine posée sur des roseaux tous de même dimension, le tout bien enroulé et enfoui dans du sable. Quel était son contenu ? Plus personne ne savait car il avait disparu, pour mes grands-parents ce n’était pas un objet de grande valeur, alors les années faisant nous ne l’avons plus trouvé, mais il restait de toute cette histoire un grand mystère.[1] « De l’autre côté » fait partie du vieux village, au temps du Seigneur de Villeneuve, c’était la maison du bourreau alors….Mais où était caché ce trésor ? A chacun son idée et nous voilà partis avec un balai à taper contre les murs pour voir si ça sonnait creux s’il y avait des cachettes secrètes. Rien…..
Puis un jour Titin mon père avait fait appel à une personne qui, à l’aide d’un pendule, cherchait les trésors enfouis. Mon grand-père était sceptique, il n’y croyait pas beaucoup, mais cette personne voulant prouver sa bonne foi demande de faire quelques recherches dans notre maison, s’arrête devant un placard dans lequel Nini ma mère avait dans un petit coffret quelques bijoux de famille. Mon grand-père donne alors son accord pour inspecter la cave « De l’autre côté » et voilà cette personne munie de son pendule faire le tour de la pièce et s’arrêter près de la cheminée à droite de celle-ci vers le haut du mur, il est là. Il est sûr de lui, c’est là. Alors on commence à enlever quelques pierres du mur, rien…Il faut continuer, il reprend son pendule c’est bien là, alors de nouveau des pierres sont enlevées, toujours rien, il faut continuer disait-il, je suis sûr qu’il est là….Mais voilà bientôt nous arrivons dans la pièce voisine et mon grand-père avait peur que le mur ne s’effondre alors il a dit : stop, ça suffit, nous arrêtons tout.
La personne n’était pas contente du tout car ils avaient convenu un accord sur le partage du «trésor». Il est parti furieux pensant que nous allions continuer à chercher le trésor sans lui. Le soir même le trou dans le mur était rebouché par mon père et le trésor, s’il existe, est toujours bien caché.
On y croit, on n’y croit pas mais de génération en génération on continue de se raconter «cette belle et mystérieuse légende!».
Marcelle Graziani
[1] On rapporte que Titin l’a donné à la propriétaire de l’Auberge du Ménéstrel qui se trouvait sur la place de la Libération et que d’aucuns avaient surnommé « Trotinette ».